jeudi 30 septembre 2010













sit in devant le siège du FIDH à paris .


le 29/09/2010 de 14heures à 18heures,le RPCF-FRANCE a réuni les Congolais devant le siège de la Fédération Internationale de Droit de L'homme à paris pour un sit in avec pour objectif d'alerter l'opinion internationale sur la falsification du rapport final des Nations Unies sur le Génocide des Congolais et Hutus rwandais entre 1993-2003.

samedi 4 septembre 2010

J'ACCUSE!

par Congo Collectif Sos Rdcongo, vendredi 3 septembre 2010, à 14:55
La publication, fin août, par le ministre congolais de la Justice d’un «livre blanc» sur les «circonstances» de la mort de Floribert Chebeya Bahizire constitue une scandaleuse violation du secret d’instruction. Cette ingérence de l’exécutif dans un dossier judiciaire en cours d’instruction trahit la volonté des plus hautes autorités congolaises de préparer l’opinion à l’organisation prochaine d’une parodie de procès suivie du «classement sans suite» de ce crime d’Etat.
J’accuse Joseph Kabila d’être le commanditaire de l’assassinat de Floribert Chebeya Bahizire, directeur exécutif de l’association de défense des droits de l’Homme «La Voix des Sans Voix» (VSV). L’ordre d’exécuter Chebeya a été donné par lui. Cet ordre a été transmis au colonel Daniel Mukalay par son chef direct en l’occurrence l’inspecteur divisionnaire en chef John Numbi Banza Tambo. Celui-ci supervisait cette opération à partir de la ferme présidentielle de Kingakati où il se trouvait en compagnie de Kabila. J’accuse ces deux officiers de la police nationale d’avoir, à leur tour, "fait disparaître" deux témoins gênants dans cette affaire. Il s’agit de Fidèle Bazana Edadi, chauffeur et membre de la VSV et de Amisi Mugangu, commissaire adjoint de la police nationale et ancien chauffeur et bras droit de Daniel Mukalay.

Trois mois, sans inculpations

Ce jeudi 2 septembre, cela fait exactement trois mois depuis que des policiers congolais non autrement identifiés «ont découvert» le corps sans vie de Floribert Chebeya sur la banquette arrière de sa voiture au niveau du quartier Mitendi sur la route de Matadi. Le défunt avait les mains attachées derrière le dos. «Des préservatifs, des faux ongles et des postiches étaient répandus dans la voiture», indiquaient les «premières constatations» faites par des policiers et non par des magistrats du Parquet.

«Floribert» a été aperçu pour la dernière fois au siège de l’Inspection générale de la police nationale. C’était le mardi 1er juin. Convoqué par l’inspecteur divisionnaire en chef John Numbi, Chebeya devait être reçu à 17h30 par celui-ci. Le mercredi 2 juin, son corps est retrouvé à plusieurs kilomètres de ce lieu. Inerte.

Aux termes du rapport d’autopsie rédigé par des médecins légistes néerlandais et congolais, on apprendra que le directeur exécutif de la «VSV» est mort suite à une «crise cardiaque». Et pourtant. De son vivant, Floribert ne s’est jamais plaint de problèmes cardiaques, assurent ses proches. Mieux, tous les experts conviennent qu’une crise cardiaque n’a jamais été la cause d’un décès. C’est un effet. Une conséquence. Des questions restent sans réponses trois mois après les faits. Qui avait convoqué Chebeya? Qui l’avait reçu à son arrivée au siège de l’Inspection générale de la police nationale? Que s’est-il passé après? Pourquoi Fidèle Bazana n’a-t-il plus jamais été revu depuis ce rendez-vous? Qui sont les policiers qui ont «découvert» le lendemain la dépouille de ce défenseur des droits humains?

Agitation inhabituelle à Kingakati

Dès le lendemain de l’annonce de la disparition de Chebeya, Joseph Kabila a dit haut et fort sa volonté de «faire toute la lumière» sur la disparition de ce valeureux fils du pays. Le ministre de l’Intérieur et sécurité s’est fendu d’un communiqué réaffirmant la volonté du gouvernement de clarifier les circonstances de ce meurtre. Des réunions du «Conseil supérieur de la défense» ont été tenues à la ferme présidentielle de Kingakati. Conseiller spécial en matière de Sécurité, Pierre Lumbi Okongo, a été dépêché auprès de la veuve Chebeya pour exprimer les «condoléances» du chef de l’Etat ainsi que "sa détermination" à «faire toute la lumière» sur cette affaire. Une agitation inhabituelle à l’occasion de la disparition d’un défenseur des droits de l’homme. Ce que l’histoire ne dit pas c’est que les premières arrestations et interrogatoires ont été menées non pas par des magistrats du Parquet mais par des fonctionnaires du Conseil national de sécurité, un service de la Présidence de la République. Trois mois après, il se révèle que tout ce remue-menage n’était qu’une haute farce. Le Congo de Joseph Kabila est devenu un immense cirque. Un cirque tragique. L’agitation observée à Kingakati n’était qu’un coupe-feu pour détourner l’attention de l’opinion du véritable assassin.

Les confidences d’un commissaire adjoint

Commissaire adjoint de la police nationale, Amisi Mugangu a participé à l’exécution de ce militant des droits humains. Après avoir fait des aveux le 4 juin dernier devant les «enquêteurs» du Conseil national de sécurité (CNS), Amisi avait trouvé refuge en Ouganda plus particulièrement à Iganga, près de la frontière avec le Kenya. Le samedi 26 juin, ce «flic» en cavale devait traverser la frontière pour rejoindre Nairobi. Il n’a plus donné de ses nouvelles. Ancien chauffeur et confident de Daniel Mukalay, l’homme en savait trop. Il se disait traqué par des nervis du pouvoir. «S’ils m’attrapaient, je suis un homme mort», clamait-il. Il n’hésitait guère à citer les noms des ses poursuivants : Elie Lungumbu, Marcel Mbangu (colonel et deuxième conseiller à l’ambassade de la RD Congo à Kampala). «Marcel Mbangu est un spécialiste en kidnapping», confiait-il. Amisi avait par ailleurs reçu des informations selon lesquelles le conseiller spécial Lumbi avait lancé ses «barbouzes» à ses trousses à Kampala. Homme du sérail, le policier connaissait le système et ses acteurs.

Avant sa disparition, le commissaire adjoint Amisi avait fait quelques confidences à notre journal. Des confidences qu’on pourrait résumer en ces quelques mots : «Floribert Chebeya devait être exécuté le 23 mai 2010. Nous étions en embuscade aux environs de son domicile. Nos informateurs s’étaient trompés. La «cible» était rentrée plus tôt que prévu à son domicile. L’ordre final d’exécuter Chebeya a été donné au colonel Daniel Mukalay par le général John Numbi instruit par la "haute hiérarchie". C’était le lundi 31 mai à 10h00. Chebeya a été exécuté par étouffement. Après cela, nous nous sommes«occupés» de son chauffeur. Son corps a été immergé dans le fleuve aux environs de Kinsuka.» Quel est le mobile de cet assassinat ? Amisi Mugangu de répondre : «Chebeya dérangeait le pouvoir de notre président. Il donnait une mauvaise image du régime à travers des rapports sur la situation des droits de l’homme.»

Chebeya se savait menacer

En réalité, Chebeya se savait dans le "viseur" du régime kabiliste. Le 28 février dernier, il était de passage à Bruxelles. Au cours d’un entretien à la rédaction de notre journal, il a décrit la «misère sociale» qui règne au Congo ainsi que «le régime de terreur et de répression» instauré par Joseph Kabila. «Joseph Kabila tue tous ceux qui le dérangent, ajoutait-il avant de citer quelques noms des victimes : les adeptes de Bundu dia Kongo, Aimée Kabila, Louis Bapuwa Mwamba, Franck Ngycke, Pascal Kabungulu, Steve Nyembo». Au cours de cette conversation, «Floribert» n’a pas caché une certaine aigreur face au silence de la «communauté internationale». «Malgré l’organisation des élections de 2006, dira-t-il, la situation des droits de l’homme reste préoccupante. Depuis qu’une firme américaine a obtenu l’exploitation de la concession minière de Tenke Fungurume, les Etats-Unis d’Amérique sont devenus aphones face aux excès du régime de Joseph Kabila».

Le 15 mars 2009, Chebeya et quelques camarades ont été arrêtés par des agents de l’ANR (Agence nationale de renseignement) à la veille de l’organisation d’un sit-in devant le Palais du peuple en protestation de la décision de Joseph Kabila de faire «démissionner» Vital Kamerhe, alors président de l’Assemblée nationale et l‘ensemble des membres du Bureau. Cette initiative a sans aucun doute été interprétée par les «analystes» du pouvoir comme un soutien à la personne de Kamerhe. Alors que les activistes des droits humains entendaient défendre "la jeune démocratie congolaise" en s’opposant à la violation du principe de séparation des pouvoirs. «Floribert» a-t-il été perçu dès ce moment comme un «ennemi politique» à abattre?

Violation du secret d’instruction

L’affaire Chebeya vient confirmer que la Justice congolaise est malade de sa dépendance à l’égard du pouvoir politique mais aussi du pouvoir d’argent. Le 22 juin dernier, le procureur général de la République (PGR), le très kabiliste Flory Kabange Numbi, a évoqué pour la première fois l’hypothèse d’un «meurtre» avant de céder cet épineux dossier à l’auditorat militaire. Le PGR voulait-il sous-entendre que le décès de Chebeya résulterait d’un «accident» ou d’une «bavure policière»? Qu’en est-il, dès lors, de la disparition de Fidèle Bazana? Devrait-on également parler de bavure ou d’accident? Deux mois après la prise en charge de ce dossier judiciaire par les magistrats militaires, le flou reste total. On attend toujours l’annonce d’une première inculpation. Nul ne sait à ce jour le sort réservé aux premiers suspects. N’est-ce pas un grave dysfonctionnement de voir la justice congolaise se révéler impuissante d’identifier les auteurs et les commanditaires des faits criminels graves survenus dans les installations du Quartier général de la police nationale? Qui cherche-t-on à protéger ?

Fait sans précédent, le ministre de la Justice Luzolo Bambi Lessa a diffusé fin août un prétendu «Livre Blanc» consacré à Floribert Chebeya intitulé : «Justice et Hommage au défenseur des droits des Humains». Luzolo a affirmé à cette occasion «que le gouvernement tient à ce que la justice établisse les responsabilités en toute indépendance et que son ministère veille à ce qu’un procès impartial soit organisé à l’issue des enquêtes judiciaires en cours.» Le fameux livre blanc contiendrait «des considérations générales» ainsi que les «circonstances de la mort» du défenseur des droits de l’Homme. Le ministre de la Justice a donc pu se faire communiquer les éléments d’un dossier judiciaire en cours d’instruction. «Le ministre de la Justice qui est le chef hiérarchie du Parquet se livre ainsi à une flagrante violation du secret d’instruction, réagit l’avocat bruxellois Jean-Claude Ndjakanyi. A quel titre publie-t-il des éléments sur les circonstances de la mort de Floribert Chebeya alors que l’instruction est en cours?»

Contrairement à un Laurent Nkunda ou Bosco Ntaganda, Chebeya n’a jamais été le chef d’un groupe armé. Il n’a jamais pris les armes pour déstabiliser son pays. Chebeya rêvait d’un Etat congolais impartial. Un Etat où règne la justice, la paix et la liberté et où chacun pouvait trouver son plein épanouissement. Chebeya a été tué pour avoir dénoncé les excès du pouvoir en place et les injustices sociales. Ses assassins autant que ceux de Fidèle Bazana doivent être traqués jusqu’à ce qu’ils soient déférés devant les juridictions internationales. C’est une honte pour la RD Congo d’être dirigée par un criminel, un homme qui a donné toute la dimension de son mépris pour la vie et la dignité de la personne humaine.

La résistance
Beaudouin Amba wetshi